L’inquiétude, l’angoisse parfois, le désir de l’inatteignable sont au cœur de mon expression. Au travers de mon travail, j’invente une conversation avec les maîtres anciens. La conscience de la difficulté de maintenir vivant un art pictural né à l’époque pariétale dans un présent de surmodernité technique ne m’a jamais quitté.

Si malgré ces obstacles, mon travail peut espérer atteindre un public, cela tiendra aux singularités de mon caractère : une forme d’intransigeance, le fait de mettre en question toute position qui me paraisse trop consensuelle, un goût prononcé pour l’analyse et aussi bien sûr, un sens particulier qui me relie à mon art. Pourtant, je ne crois pas être un artiste autocentré. Je ne parle de moi que pour introduire ma peinture. J’aime que l’artiste et l’œuvre se ressemblent afin que le spectateur en ressente l’humanité.

L’art ne s’explique pas mais on peut en parler : la technique en est un élément central. Idéalement, j’aime que la technique vienne s’inventer au fur et à mesure et toujours en vue d’un résultat. Il s’agit là d’un propos général mais qui trouve bien à s’illustrer dans mon travail. La figuration n’y est pas arrivée immédiatement. Elle a été un moyen d’introduire les sujets de mes préoccupations et d’en faire l’origine de nouvelles images. La surprise et la fascination provoquée par la découverte d’une forme naissante est, pour l’artiste lui-même, le critère de la validité de son travail, la marque de la nouveauté et de l’invention sans laquelle l’art ne peut être que copie et répétition. Le spectateur ne doit pas se laisser dérouter par la diversité des œuvres, car, pour ne pas repérer sans cesse le même geste pictural ce qui reviendrait à se copier soi-même, pour maintenir le plaisir de la découverte, il est nécessaire pour l’artiste lui-même d’explorer sans cesse des directions nouvelles.